Thérapie de groupe
(j'écris cette note apres avoir vu le dernier post de l'excellent blog d'Irène, puisque ça m'y a fait fortement penser)
Comme vous l'avez vu sur la note Paris-Visite , j'ai eu plusieurs fois l'occasion de me retrouver en groupe, autour d'une table avec des gens dans ma situation. Ces passages obligés sont souvent le point de départ d'une prestation vers un retour à l'emploi.
Quand je dis "obligé", c'est que je reste toujours dans l'optique d'accepter tout ce qu' "on" me propose, pour éviter les sempiternelles "vous n'aviez qu'à accepter cette aide, je suis sur que vous auriez trouver du travail". C'est un peu lâche de ma part puisque l'aide apportée ne m'apporte rien au final mais ça me permet de passer au dessus du culpabilisme extérieur. C'est déjà ça de gagné!
Alors forcément, je suis devenu un méga-blasé de ce qui semble être des thérapies de groupe dignes des Alcooliques Anonymes. Non, je ne suis pas entrain de faire un coming-out sur un éventuel passage chez les AA mais je n'imagine que trop bien, puisque pour moi ça donne:
"Bonjour, je m'appelle Rémi" ,
Là, dans ma tête raisonne : "bonjouuuuuuuuur Rémiiiiiiiiii", par tous, à la collégiale
"Je suis au chômage depuis 3 ans, avec quelques périodes d'intérim et de CDD depuis"
"J'ai arrété le travail il y a 3 ans mais j'ai fait depuis quelques rechutes"
Assistance: "OOOOooooooh" de tristesse partagée, feinte.
Et puis raconter son histoire, pourquoi on ne trouve pas, ce qu'on cherche, raconter encore et encore, toujours...Ce qui me donne le désagréable effet de se complaindre dans ce qu'on est. Essayez de placer des trucs du genre: "je suis tres heureux, ma soeur vient d'accoucher d'un bout d'chou magnifique...etc" et on va vous prendre pour quelqu'un qui prend son chomage à la légère et qui en a rien à faire. Alors bien sûr, ce genre de réunion est tres utile pour certaines personnes. J'vais tomber dans les clichés mais il y a toujours des personnes entre la quarantaine et la cinquantaine, mariées, et dont le conjoint travaille, et qui sont sociablement seuls! Entre le mari ou l'épouse qui bosse pour subvenir aux besoins du foyer et qui ne doit pas comprendre leur situation et les faire culpabiliser, et les amis qui pensent que si il/elle ne bosse pas c'est que c'est entierement de sa faute...ces personnes s'isolent, et souvent tombent dans la dépression. On sent ainsi tres vite qu'elles ont besoin de parler et de partager. Et de voir que d'autres sont dans leur situation, on a l'impression qu'elles revivent.
J'en suis ravi pour elles! Mais au fond, ça me fait de la peine...
Alors au tout début, et étant quelqu'un d'assez à l'écoute des autres je crois, ça ne me dérangeait pas. Et ma façon de gérer le truc était de prendre la chose avec bonne humeur et rigolade (ouais j'leur ai fait subir mes blagues à 2 balles...le boulet!)...d'être moi-même tout simplement! Mais je parlais tres peu de moi puisque j'avais compris qu'il fallait mieux se plaindre (et que je n'en ai pas envie) et j'écoutais les autres.
Sauf qu'il faut être méga blindé dans sa tête...Parce qu'arriver dans une salle surchauffée où pendant 2h vous allez entendre des gens se plaindre, bah ça ne donne pas envie d'ouvrir les fenêtres pour aérer un peu sous peine de voir sauter la moitié de l'assistance!
Par contre, comme tout le monde j'ai mes problèmes et y'a des fois où on a envie de pousser une gueulante. L'été dernier, et sans vouloir épiloguer dessus, j'ai vécu un drame dans ma vie...Mais comme d'hab je décide de ne rien dire et de faire comme si... J'me pointe au début de semaine à une de ces réunions où là j'entends un mec qui se plaint de s'etre fait mal au genou le dimanche au foot et qu'il était déprimé à cause de ça, et que la vie était dure...etc...
Interieurement, j'étais sur le point d'exploser et à 2 doigts de l'insulter...ce que je n'ai, heureusement pas fait. Avec le recul, si le gars est déprimé pour ça, c'est plutot triste pour lui et pas la peine de le faire culpabiliser plus avec mes soucis, c'était un raisonnement à chaud d'égoïsme. Ouf...
Mais alors? Tout ça pour quoi au juste?
Je rappelle que la plupart du temps c'est le point de départ d'une prestation d'aide au retour à l'emploi. Est-ce que je vous ai parlé d'un "animateur" de groupe plus haut? NON, bien qu'il soit présent à chaque fois. Parce que, comme d'hab, le système est gangréné. Il est très facile et préférable pour les gens payés pour nous aider de nous voir se replier sur nous même et se complaindre, ça donne un sens à leur action! Parce que, quand ils voient plus tard qu'ils ne peuvent que tres peu nous aider concretement, ils leur restent la satisfaction de nous avoir sorti du trou. Alors que finalement pour le trou, ce sont eux qui avaient fourni les pelles.
Encore une fois, je ne fustige pas les personnes mais ce système hypocrite...
Moralité: encore et toujours se débrouiller tout seul, et se blinder pour le reste.
Mais surtout je continue à dire que malgré mes galères et mes doutes (communs à chaque personne), je suis très heureux et je profite de la vie! Et j'en suis fier! Tant pis si ça choque...
PS: j'ai battu le record du monde des blogs du "plaçage" du mot "plaindre" dans cette note. Merci de ne pas applaudir et promis je ne tenterai pas de le rebattre ;)