Parce que ça fait mal au coeur...
J'aime bien regarder régulièrement dans mes statistiques, les requêtes des gens qui tombent sur mon blog. Je pense que c'est d'ailleurs le moment de "rigolade" de bon nombre de bloggueurs. Du coup, je me chope les fana d'aéroglisseurs, ceux qui ont raté le dernier épisode du "Maitre du zodiaque", des scientifiques à la recherche de faille spatio-temporelle, LA gruppie de Corinne Charby et d'Alan Théo...etc...
Que celui qui cherchait "Rémi le moche" se dénonce immédiatement! Ou bien qu'il avoue dans la seconde qu'il n'a pas été satisfait en tombant chez moi!
Mais des fois, certaines requêtes me dépassent...Par exemple, pas mal de personnes recherchent des renseignements sur la prime de Noël et doivent tomber sur une de mes conneries. Oups...La loose...
Et dimanche en regardant, j'ai vu que quelqu'un était venu en tapant: "Je suis au RMI et je me sens inutile" dans Google...Depuis ça me trotte dans la tête...J'ai déjà ressenti ce même sentiment, et je pense que seul ceux qui sont passés par le RMI et/ou par le chômage peuvent comprendre.
Vous imaginez dans quel état de rage ou de tristesse on doit se retrouver pour allumer son ordi un samedi soir, ouvrir une page Google et taper "je suis au rmi et je me sens inutile", en espérant quelque chose, une solution miracle, ou une potion magique, ou juste un soutien?
Imaginez VRAIMENT.
Et dire que Google propose la fonction "j'ai de la chance".
Je crois que cette situation résume à elle seule la solitude du rémiste, et vous imaginez le dégoût que ce rémiste peut avoir quand on lui dit qu'il a de la chance d'être un assisté.
Alors je ne sais pas ce qu'a trouvé cette personne ce soir là...surtout en tombant sur mon blog. J'avoue que ça me travaille (ohoh blagounette involontaire) depuis dimanche. Est-ce que cette personne, qui a lu quelques pages, s'est reconnue dans certaines situations? Du coup est-ce que ça ote un poids, ou au contraire, en rajoute une couche à son blues du moment?
Et moi dans tout ça...j'aimerai pouvoir aider.
Aider...un bien grand mot quand on est chômiste...
On doit l'entendre au moins 3 fois par jour, du plus parfait inconnu à l'ami le plus proche, sans que le mot soit forcément utilisé à bon escient, au final...Alors moi je ne vais pas commencer à promettre des choses, sous prétexte d'essayer d'aider. Il y a quelques jours, une lectrice m'a envoyé un mail, pour me dire qu'elle était au chômage également et qu'elle était donc tombée sur mon blog. Je lui ai répondu que si elle en avait le besoin, elle pourrait trouver une oreille (ou plutot un oeil) attentive, en cas de blues ou d'envie de déballer son sac. C'était peut-être très maladroit de ma part, je n'ai aucune compétence psy, ni même de légitimité dans la situation du demandeur d'emploi (juste de la légitimité dans MA situation). Mais c'est tout ce que j'ai trouvé à faire, pour essayer d' "aider".
Ma plus grande peur, c'est qu'un jour tout ça ne m'aura servi à rien, que Rémi Lalouz n'ait jamais existé et que je devienne un vieux con qui envoie sur les ronces à tout va les quémandeurs d'emploi. Et que surtout, je n'arrive pas à relativiser comme je peux le faire maintenant (mais là je m'écarte du sujet, j'y reviendrai sûrement une autre fois). Alors voilà, je crois que la seule façon que j'ai, pour le moment, d'essayer d'aider, c'est de dire que mon mail est dispo, en haut à droite, si jamais...et sans prétention.
Quant à ce lecteur du samedi soir, je lui souhaite du courage et je dis sincèrement, et sans avoir encore trop de recul au vue de ma situation, que le fait de se sentir inutile est déjà une grande preuve d'utilité pour lui et ses proches: puisque les véritables personnes inutiles ne s'en rendent de toute façon même pas compte ;)